QI - Christina Dalcher (2021)
- 11 avr.
- 2 min de lecture

Avec QI (Master Class en VO) , dystopie glaçante et très crédible, Christina Dalcher se pose en digne héritière de Margaret Atwood (je vous invite d'ailleurs à découvrir son œuvre qui va bien au-delà de la Servante écarlate, notamment le fantastique Le dernier homme).
Dans un monde qui ressemble beaucoup au nôtre, le potentiel de chaque enfant est régulièrement calculé selon une mesure standardisée : le quotient Q. Si vous obtenez un score élevé, vous pourrez fréquenter une école d'élite avec à la clé un avenir en or. Si votre score est trop bas, ce sera un internat fédéral, loin de votre famille, n'offrant que des débouchés très limités. Le but ? Une meilleure société où les enseignants se concentrent sur les élèves les plus prometteurs.
Elena Fairchild, enseignante dans un établissement d'élite, a toujours soutenu ce système dont son mari est un des instigateurs. Mais lorsque sa fille de neuf ans rate un test et part pour une école au rabais à des centaines de kilomètres, le doute s'insinue en elle. Ce système est-il réellement juste ? Cet éloignement est bon pour qui ? Sa fille, sa famille ? Certainement pas.
La seule chose dont Elena soit certaine, c'est qu'elle doit récupérer sa fille à tout prix. Pour cela, elle devra lutter contre un système puissant qui écrase ceux qui ne sont pas dans la norme.
Tout parent qui lira ce livre n'aura aucun mal à se mettre dans la peau d'Elena qui, du jour au lendemain, voit sa fille obligée de partir seule vers un internat à l'autre bout du pays. Le déchirement causé par cette perte va la pousser à s'interroger sur le système qu'elle avait fait sien jusque là.
La classe dominante agit tout au long du roman de manière particulièrement infâme (violence moral, physique et sexuelle). A cet égard, le personnage du mari d'Elena à lui seul montre à quoi sont prêts les gens qui sont au sommet pour ne pas être déclassés.
La société qui est dépeinte est particulièrement horrible et cynique : aveuglement de la population face aux disparitions soudaines d'enfants, sélection des foetus pour obtenir un enfant "parfait", omnirésence télévisuelle des gourous du mouvement...Ce roman nous donne clairement à voir ce que le monde pourrait être si une caste élitiste prenait le contrôle de la société. Et ce n'est pas joli, joli.
Alors que les inégalités sociales sont de plus en plus stigmatisantes dans notre société, QI pose des questions essentielles sur notre vision de celle-ci. Chacun a t-il sa place ou, pour construire une grande nation, faut-il laisser derrière nous ceux qui n'entrent pas dans le moule formaté que nous avons construit ? Pour moi, la réponse est évidente mais ce n'est pas le cas pour tous, sinon la planète irait beaucoup mieux.
Mon seul regret est que le parallèle avec les mouvements eugénistes qu'ont connu les Etats-Unis ne soit pas davantage exploré. Le sujet l'aurait sans doute mérité mais QI reste un excellent roman à mettre entre toutes les mains.
A vos marque-pages, prêts, lisez !
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